Si vous avez lu notre précédent article sur l' ENISA, vous n'êtes pas sans ignorer qu'il existe un certain nombre de directives en Europe concernant la cybersécurité des entreprises.
Face à une menace cybernétique en constante évolution, l’Union européenne (UE) a adopté la directive NIS2 (Network and Information Systems 2).
Succédant à la directive NIS de 2016, ce texte marque un pas décisif vers une cybersécurité accrue et harmonisée au sein des États membres. Explorons les enjeux, les obligations et les conséquences de cette directive pour les entreprises et les institutions.
NIS/NIS2 : Comprendre les directive
La directive NIS initiale visait à améliorer la résilience des opérateurs de services essentiels (OSE) et des fournisseurs de services numériques (FSN). Cependant, les cyberattaques étant de plus en plus sophistiquées et fréquentes, l’UE a jugé nécessaire de revoir et d’étendre ce cadre législatif.
La directive NIS2, publiée au Journal Officiel de l'Union européenne en décembre 2022, s’applique à un plus large éventail d’entités, incluant des secteurs critiques tels que la santé, l’énergie, les transports, les infrastructures numériques, l’eau, ainsi que certaines administrations publiques.
Elle introduit deux nouvelles catégories d’entités : « essentielles » et « importantes », définies sur la base de critères tels que leur taille, leur importance sociétale et économique, et leur exposition aux risques.
Principaux objectifs de la NIS2
- Harmonisation des règles à travers l’UE : uniformiser les exigences en matière de cybersécurité pour éviter les disparités entre les États membres.
- Amélioration de la résilience : renforcer la préparation et la capacité des entités à prévenir et à répondre aux cyberattaques.
- Coopération renforcée : favoriser l’échange d’informations entre les États membres pour mieux anticiper les menaces.
- Gestion accrue des risques : intégrer des mesures de gestion des risques de cybersécurité dans la stratégie globale des organisations concernées.
Quelles sont les obligations imposées par la directive ?
Les entités concernées doivent respecter un ensemble d’exigences strictes en matière de cybersécurité. Voici les principaux points :
Mesures | Description |
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Mesures de sécurité renforcées |
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Notification obligatoire des incidents | Les entités doivent signaler aux autorités nationales tout incident majeur dans un délai de 24 à 72 heures. Cette obligation pourrait concerner plus de 15 000 entités dans les 27 États membres de l’UE, dont plusieurs milliers en France. |
Contrôles et audits réguliers | Les autorités nationales, comme l’ANSSI en France, peuvent exiger des audits de conformité et imposer des sanctions en cas de non-respect des obligations. |
Responsabilisation des dirigeants | Les dirigeants doivent être directement impliqués dans la gouvernance de la cybersécurité et peuvent être tenus responsables en cas de manquements. |
Les secteurs concernés par la NIS2
La directive NIS2 s’applique à 18 secteurs critiques, répartis en deux grandes catégories :
Secteurs hautement critiques | Autres secteurs critiques |
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NIS2 : Quelles conséquences pour les entreprises ?
Impacts sur les entreprises
Concernant la cybersécurité des entreprises, la directive NIS2 représente à la fois un défi et une opportunité :
Impact | Détails |
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Investissements accrus | Mise en place de technologies et de processus de cybersécurité avancés. |
Changement culturel | Sensibilisation et formation des équipes aux risques cyber. |
Risque réputationnel | Les incidents signalés peuvent affecter la confiance des partenaires et des clients. |
Sanctions financières | En cas de non-respect, les entités peuvent être sanctionnées jusqu’à 2 % de leur chiffre d’affaires mondial pour les entités essentielles et 1,4 % pour les entités importantes. |
Les enjeux pour les États membres...
Les États membres doivent établir des autorités compétentes, renforcer leur capacité d’audit et de contrôle, et assurer une meilleure coordination au niveau européen. Une attention particulière est également accordée à la lutte contre les cybermenaces transfrontalières.
La directive formalise également le rôle du réseau CyCLONe (Cyber Crisis Liaison Organisation Network), dont l’ANSSI est un acteur majeur.
L'accompagnement de l'ANSSI
En France, l’ ANSSI joue un rôle central dans l’accompagnement des entités concernées :
- Consultations sectorielles : depuis l’automne 2023, l’ANSSI organise des échanges avec les fédérations professionnelles, associations d’élus locaux et ministères concernés.
- Outils numériques : lancement du service « MonEspaceNIS2 » pour aider les entités à se conformer à la directive.
- Actions de sensibilisation : webinaires, sessions de formation et publication de guides pratiques.
Vers une mise en œuvre efficace
La directive NIS2 doit être transposée dans les législations nationales des États membres d’ici octobre 2024. Pour garantir son succès, il est crucial que :
- Les entreprises adoptent une approche proactive et intègrent la cybersécurité au cœur de leur stratégie.
- Les autorités nationales soient dotées des ressources nécessaires pour assurer un suivi rigoureux.
La directive NIS2 constitue une réponse ambitieuse aux enjeux de cybersécurité. Elle reflète la volonté de l’UE d’instaurer un environnement numérique plus sûr, adapté aux réalités actuelles et futures. Les acteurs concernés doivent désormais se préparer à relever ce défi et à transformer leurs pratiques pour atteindre une résilience optimale.